Exposition : les femmes qui ont marqué l’histoire de Port-Louis

09 septembre 2024

Le Centre d’Animation Historique de Port-Louis expose jusqu’au 28 septembre à la médiathèque Pondichéry. Retrouvez l’intégralité du texte de Marguerite Richard qu’elle a présenté lors du vernissage de l’exposition.

Marguerite Richard

Comme cette année est dite « l’année de la femme », nous avons choisi comme thème de notre exposition :

LES FEMMES QUI ONT MARQUÉ L’HISTOIRE DE PORT-LOUIS

Nous en avons retrouvé un bon nombre, nous en avons certainement oubliées mais nous restons ouverts à toute suggestion. Je ne vais pas vous les énumérer ici puisque vous trouverez un résumé biographique sous chaque mention.

Nous avons regroupé ces femmes en plusieurs catégories : artistes, artisanes, dirigeantes, résistantes, etc. Nous y avons ajouté une catégorie spéciale à notre région située sur le littoral : les femmes de marins et de pêcheurs.

Rappelons, en effet, qu’à la suite des grandes découvertes maritimes des XVe-XVIe siècles, le cabotage côtier s’est progressivement doublé d’une activité maritime en haute mer.

À partir de 1656, date de la fondation de la Compagnie d’Orient parle Maréchal de la Meilleraye, gouverneur de Port-Louis, les compagnies de commerce se succèdent au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. Vous en trouverez l’énumération dans l’exposition.

Parallèlement, la pêche hauturière s’est développée et, au XVIIIe siècle, des bateaux sont armés pour la pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve.

Toutes ces activités commerciales ou militaires ont forcément entraîné un accroissement et une diversification de la population locale, le développement de certains métiers et ont eu un impact sur les femmes qui devaient gérer toutes les affaires du foyer et s’occuper des enfants.

Ce qui me semble intéressant à évoquer en introduction, c’est l’évolution socio-économico-culturelle de la femme au fil du temps.

Des vestiges mégalithiques nous confirment que notre région était habitée dès la Préhistoire, mais nous n’avons aucun renseignement sur le mode de vie de nos ancêtres.

Nous sommes plus documentés sur le Moyen Âge. Bien sûr, on pense immédiatement à Jeanne d’Arc mais il y a eu aussi Héloïse, Aliénor d’Aquitaine et bien d’autres… Ces femmes étaient généralement issues de la noblesse.

La loi salique, publiée dans sa version initiale par Clovis, au VIe siècle, précisait que « les femmes héritaient des terres au même titre que les hommes ».

Le maximum de l’influence des femmes semble se situer du Xe siècle à la fin du XIIIe. Les femmes administrent des biens, gèrent des commerces voire des territoires, lorsque les époux partent en croisade.

Loi salique

Leur influence décroît progressivement au cours des XIVe et XVe siècles.

Un exemple qui fait partie de l’histoire de notre région est celui d’Anne de Bretagne. Le duc, François II, en l’absence d’héritier mâle, lègue son duché à sa fille aînée, Anne, qui est reconnue héritière légitime par les États de Bretagne, en 1486.

François II meurt en1488 et, à la suite de la défaite de Saint-Aubin-du-Cormier, la Bretagne est rattachée à la France et Anne est contrainte d’épouser successivement le roi Charles VIII, puis le roi Louis XII.

Devenue reine de France, elle n’a plus qu’un rôle honorifique, mais s’ingénie à conserver un rôle important dans son duché d’origine, jusqu’à son décès en 1514.

Anne de Bretagne

XVIe et XVIIe siècles

En 1593, un édit du Parlement de Paris interdit aux femmes toute fonction dans l’État. La loi salique, remaniée, réserve « la succession exclusive à l’héritier mâle le plus âgé et le plus proche en ligne masculine ».

Au XVIIe siècle, la femme doit obligatoirement prendre le nom de son époux.

Cependant, la loi peut être différemment appliquée selon les régions.

Madame de Sévigné lorsqu’elle venait dans son château des Rochers, situé entre Rennes et Vitré, pouvait suivre les débats au Parlement de Bretagne où elle disposait d’une loge depuis le décès de son mari en 1651. Chose impensable pour une femme au Parlement de Paris.

Mme de Sévigné

XVIIIe siècle

Malgré leurs nombreuses manifestations, la Révolution de 1789 oublie totalement les femmes, dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Olympe de Gouges publie, en 1791, la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne dont l’article 1er précise : « La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits »                                                                                     

Ce texte reste lettre morte et Olympe décède sur l’échafaud deux ans plus tard.

Olympe de Gouges

 Le Premier Empire, par le code civil, accentue encore l’infériorité de la femme, en la mettant sous la tutelle complète de son mari.

La troisième République concède quelques droits aux femmes, concernant en particulier l’instruction, même si les grandes écoles leur restent fermées.

Les lois Jules Ferry, votées en 1881-1882, rendent l’instruction primaire obligatoire, laïque et gratuite pour tous les enfants des deux sexes, de 6 à 13 ans, ce qui l’ouvre aux filles de toutes conditions.

Les Écoles Normales d’Institutrices ont été créées en 1879. L’enseignement secondaire féminin est institué, mais il est différent de celui des hommes, de même que le concours de l’agrégation.

Lycée pour filles

Au début du XXe siècle, les armées françaises ébauchent une féminisation : en créant un corps des infirmières laïques des hôpitaux militaires (mais elles conservent un statut civil).

Ce recrutement s’accentue lors des deux guerres mondiales.

En 1940, l’armée de l’Air crée le corps féminin de pilotes auxiliaires.

En lien avec la Résistance et la France Libre, des unités féminines sont créées et, en 1951,  l’engagement des femmes dans les trois armées est possible mais avec un statut de nature militaire particulier. Ce n’est qu’en 1972 que ce statut prévoit les mêmes droits et devoirs pour les deux sexes. L’engagement des femmes reste limité par des quotas, qui ne seront supprimés qu’en 1998.

(U.S. Air Force photo)

Quatrième et cinquième Républiques

Il a fallu attendre 1944 pour que les femmes aient le droit de vote, 1965 pour qu’elles puissent disposer d’un compte bancaire, 1970 pour que l’autorité parentale leur soit reconnue.
En ce qui concerne l’enseignement secondaire, filles et garçons reçoivent le même enseignement en 1924. Les deux agrégations fusionnent en 1960 et, en 1970, le concours d’entrée à l’École polytechnique est ouvert aux femmes.

Rappelons, en 1975, la loi Veil autorisant l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

Sur le plan militaire, les années 1976-1993 voient les postes de pilotes de l’armée de l’Air s’ouvrir aux femmes, leur intégration se faire à l’École de l’Air, à l’École navale et à saint-Cyr.

En 2018, les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins peuvent accueillir des officiers féminins et en 2022, il en est de même pour le corps des astronautes européens.

Malgré ces améliorations, bien des inégalités persistent…

(U.S. Air Force photo)

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